INDIGNATIONS

 

La série des « Indignations » est constituée de linogravures et de sérigraphies d’inspiration expressionniste. Chacune des images réalisées sert une vision sombre mais réaliste sur le monde actuel.

LES INDIGNATIONS

Depuis plusieurs années, ponctuellement et en résonnance à l’actualité, je réalise des linogravures. Cette envie est venue suite à la lecture du livre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel dont vient le titre de la série : « Indignations ». Ce travail s’inscrit aussi dans le prolongement de mes travaux en noir et blanc réalisés depuis plus de 15 ans. Travaux notamment exposés au Musée International du Manga de Kyoto (en 2008 et 2010), aux Modillons (17) en 2016 et publiés en 2015 dans une monographie « Douces RAGES » préfacée par Willem.
Cette démarche s’inscrit pleinement dans la lignée de graveurs sur bois du début du siècle tels le belge Frans Masereel (Mon livre d’heures, Idée…), l’américain Lynd Ward (Vertigo) et même par certains aspect du franco-suisse Félix Vallotton.


Sur un A5, format proche d’une tablette numérique, je me réapproprie certain maux d’une société à la dérive. Les thèmes de mes « indignations » partent toujours d’un événement qui me marque. J’essaie d’en extraire le contexte afin de ne plus l’inscrire dans un temps donné et de le rendre atemporel. Ce procédé me permet d’échapper ainsi à une certaine forme d’anecdotisme, de concentrer l’attention sur le propos.

Les thèmes abordés sont principalement des dérives humaines
- la guerre et ses conséquences : ville en ruines, exodes, camps…
- la nature : pollution, déforestation…
- l’industrie : agriculture intensive, abattoir

 

Frontière

Pour cette indignation je me suis intéressé aux quelques minutes avant la fermeture d’une frontière. Savoir qui sont les personnes qui fuient ou dans quel pays cela se passe n’importe peu. Nous sommes à la frontière de l’Europe et l’heure elle se fermera (minuit) arrive. Ce qui m’intéresse c’est l’aspect à la fois aléatoire et rationnel (presque robotique) du choix des personnes : un horaire et non une situation humaine sert de condition de passage vers une probable survie. Comment peut-on le supporter ?

 

PROPOS :
POURQUOI UTILISER AUJOURD’HUI LA LINOGRAVURE À L’HEURE DU NUMÉRIQUE ?

Lynd Ward a fondé l’Equinox Press durant les années de récessions aux USA du début du siècle avec un objectif précis. Il estimait que la place de l’artiste (graveur) était de se ré-impliquer le plus possible dans le processus de création, de confection et de reproduction de son œuvre. A un moment où le monde se durcissait et que les extrêmes plantaient leurs crocs dans les diverses strates de la société, il fallait s’échapper des structures existantes. Il fallait retrouver une liberté de créer loin des commandes commerciales, ou celles dictées par des codes esthétiques futiles dans le but de recréer une forme d’humanisme.
Près de 100 ans plus tard, on retrouve certaines similitudes dans le climat social ambiant. Depuis, le statut de l’image a été chamboulé par les réseaux sociaux notamment et elles peuvent dorénavant être diffusées et partagées à une vitesse extrême et sans limite. Mais à la multiplication infinie d’une image je lui préfère un tirage très limité afin de lui redonner du poids, un aspect rare, précieux, tactile et du coup plus percutant.

L’idée derrière le procédé de gravure, et dans une autre mesure celle de la sérigraphie, c’est qu’elle peut être réalisée par tous. Il s’agit d’un procédé de reproduction accessible à l’individu qui peut être représenté dans mes dessins. Il n’y a pas besoin de technologie et cela pourrait même être fait par des personnes en transit.

Dans le process de la gravure j’aime également que l’on « grave » une idée. On sillonne dans de la matière pour lui donner forme. Le geste doux du dessin est remplacé par une certaine violence faite au support et au sujet. On creuse des visages. La gouge rend le trait moins prévisible et l’impression se fait en pressant la matrice, en écrasant l’idée représentée. Ces éléments constituant la mise forme sont alors en résonnance avec les sujets choisis.

 

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INDIGNATIONS :
-20 sérigraphies « INDIGNATIONS », imprimées en noir, de format 17,5 x 24 cm, chacune tirée à 18 exemplaires (+2 tirages d’artiste). La série se constitue de 29 visuels de même format avec les linogravures (9).
- 1 sérigraphie « PEOPLE », imprimée en noir, de format 70 x 70 cm et tirée à 20 exemplaires.

PORTRAITS :
- 1 sérigraphie « SAVE THE EARTH», imprimée en noir et vert, de format 70 x 100 cm et tirée à 10 exemplaires.
- 4 gravures sur bois de visages, imprimées en noir, de format 30 x 45 cm et tirées à 10 exemplaires chacune.
- 40 linogravures de visages, imprimées en noir, de format 6,5 x 9 cm

 

La série INDIGNATIONS a été soutenue par La Région Nouvelle-Aquitaine par le biais de la Bourse Individuelle à la Création en 2018.